Aedes albopictus, ou « moustique-tigre », s’est largement disséminé dans le monde ces trente dernières années. Initialement présent dans les forêts du sud-est asiatique, il est progressivement sorti de son habitat naturel pour s’installer dans des milieux peuplés comportant des petits gîtes larvaires similaires à ceux qu’il occupait en zone forestière (creux d’arbres, bambous coupés...). Identifié en Albanie dès 1979, présent en Italie depuis les années 1990, il a été observé pour la première fois en France, à Menton, en 2004. Il s’est depuis étendu à une soixantaine de départements métropolitains et devrait à terme concerner la quasi-totalité de l’Hexagone. Ce vecteur potentiel de virus est un fort nuisant. Ses gîtes de reproduction sont fabriqués par l’Homme, principalement au cœur de l’habitat résidentiel. Intraitable par des moyens insecticides, il justifie des gestes préventifs de la part des particuliers, de maîtrise des eaux domestiques, propres comme sales.
Moustique Tigre
« Moustique tigre » ... Sa dynamique
Une capacité d’adaptation
La femelle pond ses œufs sur la partie sèche qui jouxte une surface d’eau, dans toutes sortes de réceptacles : coupelles, vases, collecteurs d’eau pluviale, pneus usagés, bondes, rigoles, chéneaux, pièges à sable des bouches d’égouts, creux d’arbres… et tous objets, souvent de petite taille, pouvant recueillir de l’eau.
La mise en eau de ces gîtes par la pluie ou par l’arrosage permet le développement des larves et, après quelques jours, l’émergence des adultes.
À l’approche de l’hiver (quand les jours raccourcissent), les femelles pondent des œufs qui entrent en diapause (ou hibernation) : leur éclosion n’interviendra qu’au printemps suivant, les œufs étant résistants au froid et à l’assèchement. Ces adaptations biologiques confèrent à cette espèce tropicale une grande faculté d’adaptation à notre climat tempéré.
Première cause : la mondialisation des échanges…
Depuis sa zone d’origine, le sud-est asiatique, le moustique-tigre a essaimé à la surface de la planète à la « faveur » du commerce international, en particulier des pneumatiques usagés. Le mode de dispersion principal a été, en effet, le transport des œufs dans des pneus usagés, stockés à ciel ouvert. Ce commerce, qui concerne les pneus de poids lourds, de véhicules de chantier et d’avions, destinés au rechapage, est très actif entre l’Asie, les États-Unis et l’Europe. En ont témoigné les primo identifications réalisées par l’ADEGE (agence nationale pour la démoustication), dont l’EID Méditerranée est membre fondateur, conventionnée à cette fin par le ministère de la Santé.
… puis les transports individuels et collectifs
Si l’importation du moustique-tigre via le commerce et le stockage de pneumatiques usagés, dès lors qu’elle est systématiquement et rapidement identifiée, ne pose pas de problèmes (éradication aisée par traitements curatifs sur des espaces très circonscrits), un autre problème est celui de l’extension de proche en proche par des moyens très classiques : les transports individuels et collectifs. Le moustique-tigre emprunte lui aussi la voiture, le train ou l’autobus (entre autres). C’est comme cela qu’il a franchi la frontière, en 2004 / 2005, du côté de Menton, et qu’il a continué son extension via les axes de communication, jusqu’à avoir atteint, en 2020, plus d’une soixantaine de départements.
Dans les zones infestées, les moustiques-tigres femelles, à la recherche d’un repas sanguin, suivent les Hommes et entrent dans les véhicules. Puis elles en ressortent lors des arrêts et, si elles trouvent des gîtes larvaires favorables à proximité, prolifèrent dans un secteur jusque-là indemne.
C’est de cette manière que le moustique-tigre est arrivé depuis l’Italie, où il est présent depuis plus de trente ans, dans le sud-est des Alpes-Maritimes, d’abord (à partir de 2004), puis, de proche en proche, dans tout le département 06, dans le Var, dans les Bouches-du-Rhône et, depuis 2011, dans plusieurs communes du Gard et de l’Hérault et, désormais, dans toute la région PACA, dans la totalité de la région Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne – Rhône-Alpes, en Île de France, à Paris, en Alsace, etc.