En novembre 1982, une des plus fortes tempêtes des dernières décennies a frappé le littoral méditerranéen, causant des dégâts dans tout le golfe du Lion et amenant une double prise de conscience : les problèmes déjà posés aux gestionnaires de l'époque, en particulier l'érosion marine et son cortège de symptômes déjà bien visibles (recul du trait de côte, amaigrissement des plages, attaque des cordons dunaires), n'est pas d'origine seulement naturelle : les aménagements littoraux (y compris leurs propres équipements de protection) aggravent voire provoquent les atteintes constatées. L'ingénierie n'est pas la seule réponse à ces dysfonctionnements.
Historique des actions
L’heure était venue de réfléchir à l’application de méthodes prenant davantage en compte le milieu naturel, ses faiblesses mais aussi ses atouts, notamment la capacité de résilience du système plage/dune : l’idée est d’utiliser l’énergie naturelle de la dynamique littorale pour la reconstruction du système, au lieu de tenter de lutter frontalement : gestion souple plutôt qu’aménagement fixe.
Opérations de restauration et de protection dunaires, au début de tout
Dans ce contexte, l’EID Méditerranée a constitué l’un des moteurs pour l’émergence des nouvelles réponses apportées dans ce domaine. Après étude et expérimentation (1983-84) sur un site du tout jeune Conservatoire du littoral (Les Orpellières, à Sérignan, Hérault), les premières opérations de restauration et de protection dunaires, basées sur une connaissance fine des processus naturels en jeu, vont s’étendre à tout le littoral régional. Elles seront à l’origine des compétences développées depuis au sein du pôle Littoral de l’EID-Med : expertise (diagnostics et propositions d’aménagement), mesures morpho-biologiques (avant, pendant et surtout après travaux), opérationnel (travaux de génie écologique). De nombreuses références figurent dans la rubrique « Expertises et réalisations ».
Diversification – Formalisation – Exportation – Transmission
Les décennies suivantes ont vu ces compétences se formaliser (mise en concurrence : marchés publics), se diversifier (réflexions sur les risques côtiers et les autres réponses possibles : recomposition spatiale – vision prospective du littoral à très long terme – gestion des bois flottés) et s’exporter de plus en plus loin (région PACA, Europe, Maghreb…).
Cette évolution s’est accompagnée, au tournant du millénaire, d’une montée en puissance technologique, en particulier pour les mesures physiques du système plage/dune : équipements optiques remplacés par des systèmes GPS de précision et arrivée récente de la photogrammétrie par drone.
La maturité venant, l’heure est également à la transmission des connaissances accumulées : sensibilisation du public, orale ou écrite (panneaux d’information en milieu sensible) et formation des agents des collectivités (enjeux de gestion des plages et cordons dunaires, théorie et pratique des techniques de génie écologique).