Seul larvicide utilisé par l’EID Méditerranée à l’échelle opérationnelle, le Bti (Bacillus thuringiensis ser. israelensis) présente une série d’avantages qui le rendent pour l’heure irremplaçable.

Tout savoir sur le Bti / Les produits utilisés

Le Bti, un larvicide aux propriétés toujours révolutionnaires

 

Découverte dans les années 70 (Goldberg & Margalit, 1977), cette bactérie du sol est totalement naturelle (non transformée) et se caractérise par le fait que la sporulation s’accompagne de la synthèse d’un cristal protoxique de nature protéique à l’origine de son efficacité. Ce n’est qu’une fois ingérés par les larves aquatiques de certaines espèces de diptères que les cristaux deviennent toxiques au niveau du tube digestif. L’action combinée du pH basique et de protéases spécifiques libèrent quatre toxines qui se fixent spécifiquement sur des récepteurs de la paroi intestinale en y créant des perforations. Ces conditions nécessaires à son activation ne se retrouvent que chez les diptères nématocères et, plus particulièrement, chez les Culicidés, qui y sont le plus sensibles. Ceci constitue une première garantie d’un impact extrêmement faible envers la faune non cible, exceptionnelle pour un insecticide.

Grande sélectivité

Les formulations à base de Bti répondent aux exigences du règlement (UE) n°528/2012 et sont donc dûment autorisées pour le traitement des gîtes larvaires de moustiques en milieu naturel ou urbain. Le Bti répond à la définition d’un agent de lutte biologique.

Le Bti est actuellement l’un des tout derniers larvicides encore largement autorisés dans le monde, en raison de sa grande sélectivité et de sa très faible toxicité et écotoxicité, ce qu’aucun insecticide chimique ou biologique n’a jamais permis d’atteindre avant lui.

Pas de résistance

Le mode d’action multisite du Bti, lié aux quatre toxines que le cristal libère une fois ingéré par les larves, entraîne de très faibles probabilités d’apparition de résistance chez les moustiques. Aucun cas avéré et confirmé n’a été démontré à ce jour, en dépit de plusieurs décennies d’utilisation sans alternance, ce qui procure au Bti un avantage incontestable par rapport aux insecticides de synthèse. Ceci est d’ailleurs confirmé par des campagnes régulières de mesures de la sensibilité larvaire des espèces cibles réalisées dans le cadre d’une démarche de « suivi / évaluation environnementale ».

Efficace sur les trois premiers stades larvaires

En pratique, lorsque les densités larvaires le justifient, les traitements au Bti réalisés dans les milieux à submersions temporaires surveillés par l’EID-Med doivent être effectués entre 2 et 3 jours après la mise en eau, pour atteindre les larves précocement. Le Bti n’est pas efficace à 100 % : il n’agit principalement que sur les trois premiers stades larvaires (les moustiques en comptent quatre) et n’a aucun effet sur le stade nymphal ou les œufs. Si l’adulte est également sensible au Bti, il n’y est pas exposé.

Agit par ingestion

Agissant par ingestion, son efficacité dépend de la capacité des larves à le consommer. Le caractère particulier du mode d’action du Bti et la conjonction de certains facteurs pouvant limiter sa consommation par les larves (températures basses, couvert végétal dense, hauteurs d’eau très faibles ou très importantes, présence de larves à des stades avancés ou de nymphes, densité larvaire élevée) peuvent conduire sporadiquement à des pertes d’efficacité plus ou moins sensibles et aléatoires dans le temps et dans l’espace.

Les cristaux de Bti agissent en 24 heures et sont de fait très rapidement inactivés, à la fois après leur rapide précipitation dans la lame d’eau, suivie d’une absorption sur le substrat où il est alors non biodisponible, et par photodégradation. Ainsi, dans ce type de milieu, en l’espace de 24 heures, le Bti n’agit plus en général, même si l’on observe, en automne et au printemps, des mortalités à 48 ou 72 heures, en raison du temps de développement plus long à basses températures.

Efficace à 80 % en moyenne

L’efficacité biologique des traitements au Bti n’atteindrait en moyenne que 80 %, car il semble acquis qu’un traitement laisse toujours échapper des moustiques. Ceux-ci constituent un bruit de fond de nuisance dite « résiduelle ». Et cela explique le maintien d’une part de la biomasse, suffisante pour générer des niveaux de densités larvaires toujours aussi élevés dans les zones traitées depuis 60 ans, quasi comparables à celles de zones non démoustiquées.

Il est important de noter que le Bti n’a pas que des avantages pour les opérateurs : sa faible persistance d’action, la consistance des formulations, les doses nécessaires de bouillie relativement élevées (traitements à bas-volume de l’ordre de 8 à 15 l/ha ou plus) constituent un véritable défi logistique, qui accroît sensiblement les coûts d’application (nombre de rotations important, matériel d’épandage spécifique), en comparaison des insecticides jadis employés.

Ce constat n’exonère toutefois pas de l’obligation que s’est donnée l’EID-Med de poursuivre les investigations sur les effets potentiels non intentionnels sur l’environnement de l’ensemble de ses pratiques, ce qui inclut forcément les effets indirects que pourrait, en toute hypothèse, entraîner le Bti, aussi sélectif soit-il. À cet égard, les récents questionnements sur la sélectivité du Bti sont bien entendu pris en compte et des réponses apportées ou des solutions appropriées systématiquement recherchées.