Et si on faisait des moustiques-tigres des acteurs de la lutte contre… eux-mêmes ? C’est grossièrement l’idée de la démarche de l’autodissémination, un dispositif actuellement expérimental, dont on espère qu’il pourra contribuer à moyen terme à un contrôle des populations de cette espèce et donc à une diminution à la fois de sa nuisance et du risque de transmissions vectorielles.
Projet « autodissémination »
Les moustiques sont des acteurs de la lutte
Le projet AUTODIS, intitulé « Optimisation et généralisation de l’autodissémination de larvicides, une méthode de lutte alternative contre le moustique-tigre Aedes albopictus, vecteur de dengue, de chikungunya et de Zika », a pour objectif d’évaluer la méthode d’autodissémination à une échelle pré-opérationnelle en France métropolitaine.
Succédant à une série d’études initiales en 2015 et 2016 portant sur la méthode, le projet AUTODIS a démarré en 2017. Il constitue, de fait, une phase d’expérimentation qui sera suivie, en cas de résultats positifs, d’une phase de développement.
Le principe de cette méthode est le suivant : une station de contamination simule un gîte de ponte dont l’accès direct est protégé par une moustiquaire. En tentant vainement d’atteindre la surface de l’eau, la femelle se contamine dans la partie interne de la station contenant un larvicide, le pyriproxyfène, agissant à de très faibles concentrations. La femelle va ensuite rechercher d’autres gîtes de ponte dans les environs (vase, soucoupe de pot de fleur, seau, bidon et tout type de collection d’eau présente sur le terrain) et ainsi y disséminer le pyriproxyfène lors de la ponte. Celui-ci agira alors sur les larves de toutes les femelles venues pondre leurs œufs dans ces gîtes.
Les études réalisées jusqu’ici ont démontré une certaine efficacité de cette stratégie sur le terrain (contamination des gîtes). Mais il convient encore de maîtriser son utilisation potentielle à l’échelle opérationnelle. Il s’agit donc, par une approche terrain complétée d’allers-retours vers le laboratoire, de mesurer son efficacité in situ, en termes de réduction de l’abondance de moustiques, et d’évaluer les risques éventuels pour l’environnement, en particulier sur l’abeille domestique.
Le budget est évalué à 500 k€ et bénéficie d’un cofinancement de l’État à hauteur de 300 k€ (80 k€ par la DG Santé et 220 K€ de financement de la préfecture de région Occitanie), l’EID-Med assurant l’autofinancement des 200 k€ restants.
Les travaux portant sur la modélisation et l’impact sont confiés à des partenaires scientifiques extérieurs, dans le cadre de conventions de collaboration de recherche (CTIS Lyon, INRA Magneraud, CIRAD/UMR Tétis et LPTC/Université de Bordeaux).